Vecteur du rythme de la narration, le fractionnement des chapitres n’est pas anodin. Ainsi, qu’il vous cause ou non des problèmes, le découpage des chapitres nécessite à minima de se poser quelques questions. Doivent-ils être longs ou courts ? Doivent-ils tous avoir la même longueur tels les chapitres de manga millimétrés pour une publication hebdomadaire ou, à l’inverse, offrir au regard autant de variété que des flocons dans un blizzard ? En somme, comment créer de bons chapitres pour votre roman ?
En approfondissement de ses conseils d’auteurs aux écrivains débutants, Christelle Lebailly creuse la problématique du découpage des chapitres. Mais attention, pas n’importe quels chapitres !
De bons chapitres s’il vous plait ! Et en 10 minutes !
Les questions fréquentes
Pour commencer, répondons à quelques questions récurrentes en la matière.
Spoiler alert : pour produire de vrais bons chapitres, vous êtes le seul maître à bord. C’est à vous d’identifier ce qui sied le mieux à votre récit.
- Les romans sans chapitres existent-ils ?
Oui. Mais alors, il convient de s’assurer de rythmer son histoire par d’autres moyens, afin de ne pas perdre le lecteur en cours de route. - Quelle présentation donner au chapitre ?
Tout est possible : Chapitre 1/1/Titre/Sous-titre/Petite phrase annonciatrice… Il n’y a pas de norme particulière. La seule obligation est que cela corresponde à votre roman et à votre style. - Quelle utilité de diviser un roman en actes ou en parties, en plus des chapitres ?
Ce cas est souvent rencontré avec les intégrales qui regroupent plusieurs tomes. En fin de compte, c’est sensiblement le même principe que pour des chapitres classiques, puisque les parties agissent comme des mini-romans. C’est, encore une fois, une question de rythme.
Il convient donc d’être rigoureux sur la structure narrative et confirmer l’intérêt de le faire. Si c’est juste pour masquer la longueur du roman, mieux vaut peut-être le sortir en plusieurs volumes. - Faut-il privilégier les chapitres courts ou longs ?
Il y a autant de réponses que de romans. Ceci, dit, des chapitres courts tendent à dynamiser le roman, tandis que des chapitres longs permettent d’approfondir certaines scènes. Une fois de plus, à vous de décider où est votre intérêt. - Tous les chapitres doivent-ils avoir le même gabarit ?
La plupart des auteurs ont tendance à uniformiser leurs chapitres autour d’une longueur médiane sans grands excès de part et d’autre. Mais certains écrivains jouent, à l’inverse, de la longueur des chapitres pour varier le rythme, par exemple pour présenter succinctement le point de vue d’un autre personnage.
L’unité d’action
Chaque chapitre est généralement caractérisé par une unité d’action, au sens d’objectif. Un chapitre constitue ainsi un épisode significatif dans le parcours du héros, auquel s’ajoute souvent une unité de lieu et de temporalité (merci les classiques).
La dynamique du récit se construit alors naturellement : chaque chapitre est la conséquence du précédent, que ce soit le résultat d’un enchaînement chronologique ou de causalité.
Attention, cela n’empêche pas des changements de lieux ou des ellipses au sein du chapitre. Afin de déterminer si un événement doit nécessiter l’ouverture d’un nouveau chapitre, la question à se poser est celle de l’unité d’action voulue (de l’objectif) pour le chapitre.
Comment créer de bonnes transitions de chapitres dans votre roman ?
C’est ce fameux suspens de fin de chapitre. Celui qui vous empêche de vous arrêter de lire maintenant et qui vous impose absolument d’aller voir ce qui se passe dans le chapitre suivant (même s’il est 3 h du matin et que vous vous levez à 7 h).
Voici quelques astuces pour générer sciemment et expertement ce « page-turner » :
- Résoudre certains éléments, mais en apporter des nouveaux.
Chaque chapitre est comme un mini-roman avec une fin ouverte. - Clore le chapitre sur un moment décisif, après une montée en tension.
Cela n’implique pas nécessairement de concevoir une fin de chapitre artificielle (genre au milieu d’une discussion comme Nalini Singh). - Attention à ce que ces ficelles narratives ne se voient pas trop !
Évitez de pratiquer ces astuces sur tous les chapitres et prêtez attention à ce que le type d’événement retenant l’intérêt ne soit pas toujours le même. Si les lecteurs identifient vos ficelles, ils risquent de se lasser.
Soigner son premier chapitre
Moment à part dans un roman, le premier chapitre nécessite un traitement approfondi. Particulièrement dans le cas des publications en ligne où seules les premières pages du roman sont proposées à la lecture.
Doter votre histoire d’un prologue
Ce texte court introduit un ouvrage. Il endosse le rôle d’une mise en bouche qui attise la curiosité. Un prologue n’est pas un résumé de l’histoire ni de sa mythologie et encore moins de son contexte historico-politique.
Soigner la première phrase surtout
Une approche intéressante consiste à l’alléger au maximum. Cette première phrase donne le rythme de votre histoire. Elle doit être facile à lire et à comprendre.
Un peu comme pour une promenade à vélo, il sera toujours bien plus compliqué de démarrer immédiatement en vitesse maximum, que de vous lancer souplement et tout en douceur.
Introduire son personnage dès le début
Le lecteur a besoin de savoir à qui il a à faire. Et pour cela, la subtilité est bien plus efficace. Par exemple en glissant des informations par-ci par-là et non tout donner d’un coup dans un gavage boulimique d’adjectifs descriptifs secs ou laborieux.
Distribuer les éléments avec parcimonie
Ceci afin que le lecteur puisse commencer en douceur l’appréhension de ce nouvel univers. Attention, ce procédé n’est pas incompatible avec un démarrage sur une scène violente comme un meurtre.
Présenter l’intrigue afin de saisir les enjeux dès le début
Le lecteur doit pouvoir comprendre la direction générale tout en étant intrigué. Sinon, le risque est de voir son lecteur décrocher ou ne pas accrocher dès le début.
Ce qu'il faut retenir
Il n’y a pas de norme qui indique comment créer de bons chapitres pour votre roman.
L’unité d’action est un bon marqueur pour découper des chapitres selon une logique chronologique ou de causalité.
Générer un page-turner efficace repose sur deux astuces à utiliser avec parcimonie :
- La résolution d’éléments et l’ouverture de nouveaux
- La clôture du chapitre sur un moment décisif, après une montée en tension
Le premier chapitre nécessite un soin tout particulier pour ne pas perdre le lecteur :
- Recourir à un prologue (ou pas)
- Soigner la première phrase (toujours)
- Introduire son personnage (avec subtilité)
- Être parcimonieux (dans la distribution des éléments)
- Présenter son intrigue (pour susciter l’intérêt)