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Comment améliorer son style d’écriture ?

Nerf de la guerre pour les écrivains, le style est éminemment personnel. Il est également l’objet de toutes les attentions, que ce soit lors de la rédaction par l’auteur ou de la lecture par le public. Fluide ou laborieux, glorifié ou détesté, on en oublie trop souvent qu’il s’agit en réalité d’un outil perfectible et affutable.

Comment donc améliorer son style d’écriture ? Vaste question polymorphe s’il en est. En effet, si les Conseils d’Auteurs tendent à définir les principales astuces organisationnelles du mécanisme d’écriture, ils laissent la plupart du temps de côté les procédés d’écriture relatifs au style.

De fait, le style d’écriture est propre à chacun. Il est donc plus difficile de déterminer des conseils généraux qui ne soient pas immédiatement invalidés par une myriade de cas particuliers spécifiques à chaque auteur, scène ou personnage.

Néanmoins, si chacun possède bien les bases de son style, ce n’est pas un processus inné. Il devient par conséquent possible de définir des méthodologies pour travailler et améliorer son style d’écriture personnel.

Christelle Lebailly, qui ouvre cette série d’articles dédiée aux styles d’écriture, résume ce processus à une idée simple : l’auteur doit toujours savoir ce qu’il raconte. S’il est vague, ce doit être à dessin. Et c’est de cette précision que découle un style d’écriture sans fioriture, clair, percutant et travaillé.

Tout le talent d’écrire ne consiste après tout que dans le choix des mots.

Quelques bases grammaticales

Que signifie donc être précis ?

1. Éliminer les mots parasites

Il s’agit de tous ces termes évasifs tels que certain, souvent, parfois, très… Ils sont régulièrement utilisés de façon abusive en cas de description ou quand on n’est pas sûr de ce que l’on veut dire.

Pour contrer leurs effets délétères sur le style, il convient de bien choisir ses mots, de faire au plus simple. En somme, d’aller vers un lexique beaucoup plus précis. Un personnage n’est pas « très grand » ; mais « immense », « gigantesque » ou éventuellement « taillé comme une armoire »…

2. Éviter les adverbes

Ces mots qui qualifient les verbes ont pour inconvénient d’alourdir le texte et de faire perdre de la précision au verbe. Ainsi, un personnage qui « chute lourdement » est mieux caractérisé s’il « s’écroule » ou « s’effondre au sol ».

Attention, il ne s’agit pas de supprimer totalement les adverbes, mais de les remplacer si possible pour améliorer l’impact des phrases.

3. Éviter les verbes faibles

Imprécis, passe-partout, manquant de force, vous les connaissez, car ce sont les plus couramment utilisés (surtout à l’oral) : être, avoir, faire, aller, venir…

Parfois, leur usage est inévitable. Parfois, il est facile de les remplacer plutôt que de les employer à outrance. Ainsi :
« Le héros va chez la voisine » devient « Le héros se précipite chez la voisine »
« Le chat est assis là » devient « Le chat est affalé »
« Votre ami vous dit un secret » devient « Votre ami vous confie un secret »

4. Miser sur la simplicité

Un style lourd n’est pas un compliment, à l’inverse d’un style qualifié de riche, simple, entraînant, foisonnant… Chacun doit trouver son style, mais surjouer ne vous aidera pas.

Afin d’affirmer progressivement son style, il reste par conséquent bon de faire le vide et de recourir à peu de mots, mais précis pour construire ses phrases.

Astuce : utiliser les outils de recherche de intégrés dans les logiciels de traitement de texte pour repérer les usages des adverbes, mots parasites et verbes faibles dans vos manuscrits.

Précision et simplicité sont ainsi les comportements de base à adopter pour travailler un style qui deviendra peu à peu plus percutant. Et surtout plus maîtrisé, car issu d’un processus conscient.

Aller plus loin pour améliorer son style d’écriture

En complément de ce premier jeu de conseils d’écriture relatifs au style, il est intéressant de les prolonger par un deuxième jeu d’astuces qui explore ce que signifie la notion de « percutant » pour un style.

Améliorer son style : level 2

1. Rendre ses phrases percutantes

Comme précédemment, il s’agit d’aller au plus simple et au plus clair afin de conférer de l’impact à ses phrases. Deux principes majeurs interviennent dans ce cadre :

  • Utiliser la voix active au lieu de la voix passive
    « Un arbre a été planté par Jean » devient « Jean a planté un arbre »

  • Les phrases négatives ont moins de puissance que les phrases positives
    « Jean n’aimait pas les chats » est moins percutant que « Jean détestait les chats »

2. Ne pas écrire du point de vue du personnage

Le personnage agit comme un filtre. L’action s’en trouve atténuée parce qu’elle passe par quelqu’un d’autre avant de nous atteindre. Il est ainsi plus percutant de présenter directement ce qui survient au lecteur, surtout si les événements en question sont induits pour le personnage.

Par exemple ne pas dire « Jean entend des bruits », mais « Des bruits se manifestent » (si Jean n’est pas sourd — et on lui souhaite — il a vraisemblablement entendu ces sons lui aussi).

3. Doser les adjectifs

Deux comportements principaux sont à noter dans ce contexte :

  • Utiliser trop d’adjectifs qui risquent d’alourdir en particulier les textes de description et ne pas permettre au lecteur de bien visualiser l’image.

  • Employer des adjectifs non nécessaires, surtout les « résumateurs » de situation qui brisent le récit.
    Par exemple, « la scène était atroce » pour une séquence de bataille. Si la narration est correctement construite, le lecteur n’a pas besoin qu’on lui indique l’atrocité, il la déduit de ce qu’il lit.

4. Trouver le bon mot

Les mots ne sont pas anodins dans une phrase. Ils confèrent une teinte à la narration et participent au style de l’auteur. Utiliser un terme plutôt qu’un autre est un ressort précieux pour étoffer son style d’écriture et apporter de la profondeur au récit. Ainsi, « fermer une porte » n’est pas identique à « claquer une porte. »

Chercher le bon mot peut prendre du temps et générer une frustration presque oppressante, mais ce processus vaut toujours de s’y investir.

5. Utiliser des figures de style

Elles enrichissent la narration et lui donnent, une fois encore, une teinte particulière. Les images qu’elles suggèrent dans la tête du lecteur doivent, par conséquent, être cohérentes avec l’ambiance souhaitée.

Ainsi, le style n’est jamais décorrélé de l’atmosphère voulue pour une scène, un personnage, une action… Certains écrivains développent certes des gimmicks d’écriture qui permettent de les distinguer d’autres, mais la pertinence de leur style se juge avant tout par rapport à l’ambiance qu’il cherche à générer.

C’est la raison pour laquelle des styles épurés avec peu de mots, mais bien choisis rivalisent d’efficacité avec des styles bien plus foisonnants.

Ce qu'il faut retenir

Améliorer son style d’écriture revient en somme à adopter une posture de rédaction faite de simplicité et de précision.

Cela implique, entre autres, de réfléchir à la pertinence des points suivants lors de la composition (et mieux encore, lors de la relecture) :

  • Éliminer les mots parasites
  • Éviter les adverbes
  • Éviter les verbes faibles
  • Miser sur la simplicité de construction des phrases
  • Rendre ses phrases percutantes avec la voix active et des phrases positives
  • Ne pas écrire du point de vue du personnage
  • Doser les adjectifs
  • Prendre le temps de trouver le bon mot
  • Utiliser des figures de style

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2 réflexions au sujet de “Comment améliorer son style d’écriture ?”

  1. De la concision effectivement et non pas juste « être court » : malgré ses phrases de 16km de long, Jean-Paul Sartre en est bien l’exemple ^^
    Tout l’art de l’écrivain est de savoir tomber juste à force de travail !

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