Rubrique Conseils d'écriture de lepangolin.com

Conseils d’autrice par : Amélie Nothomb

Inclassable parmi les inclassables, découvrez les étonnants conseils d’écriture de l’autrice Amélie Nothomb.

Tirés de son expérience et de ses comportements d’autrice, les conseils d’écriture de la détonante (et belge de surcroît) Amélie Nothomb ont de quoi surprendre !
Extrêmement prolifique, son style bien affirmé et son impressionnante mémoire n’ont d’égal que la manière éminemment personnelle dont elle aborde l’écriture de ses romans. Mais, sous cette originalité singulière, ne peut-on pas y voir des conseils valables pour tous les écrivain.e.s en herbe ?

Des astuces qui n’ont pas l’air d’en être et qui semblent aller à contre-courant des habitudes de nombreux auteur.rice.s… Les Artisans de la fiction signent ici une interview insolite !
Merci à eux pour cette excellente vidéo qui, en 8 minutes, bondit de surprises en surprises !

LE LIEN ENTRE LECTURE ET ÉCRITURE

  • Comment avez-vous appris à raconter ?

De la seule manière possible, c’est-à-dire en racontant.
Pour Amélie Nothomb, on apprend sur le terrain. Il faut avoir parcouru des paysages pour savoir ce qu’on voit et ce que voient les autres. Il s’agit d’acquérir le sens de l’autre et de sa vision des choses.

  • Quelle est l’importance de la lecture ?

Elle est essentielle.
Il est crucial d’avoir beaucoup lu soi-même pour écrire. Sinon, c’est comme si l’on aimait cuisiner et pas manger ou rédiger des guides de voyage et pas voyager.

  • Faut-il lire « comme un écrivain » ?

Pour Amélie Nothomb, cette vision des auteurs anglo-saxons est un peu injuste, car elle implique de se mettre à la place de celles et ceux qui sont déjà écrivain.e.s.
Pour elle, dans tous les cas, il est essentiel de lire « bien ». C’est-à-dire de tout son être et non pas par devoir. Par conséquent, il est contre-productif de se forcer si l’on n’accroche pas à un livre. On va forcément trouver son bonheur. Et au bout de ces multiples lectures plaisantes, on finira peut-être par avoir une intuition de ce que l’on fera soi-même.

CONSTRUIRE UNE TRAME À L’INSTINCT

  • Comment construisez-vous la structure de vos romans, la trame ?

À l’instinct.
Amélie Nothomb tombe enceinte d’un itinéraire, souvent improbable. Elle part fréquemment d’une situation. Par exemple, le Crime du Comte Neville avait pour objectif d’écrire un roman policier à l’envers, où l’on sait qui est l’assassin dès la première partie et pas du tout qui est la victime.

  • Prévoyez-vous des étapes ?

Parfois.
Il peut lui arriver de n’avoir l’intuition d’aucune étape. C’est là qu’il faut faire confiance à son instinct, qui est de plus en plus éduqué au fil du temps. Mais cet instinct doit bien commencer un jour ! Amélie Nothomb ne croit pas aux plans, car ils ne font pas sens pour elle.

  • Vous avez des idées quand même (renversements…)

Oui bien sûr.
Souvent, Amélie Nothomb connaît la destination (voyage Bruxelles-Jérusalem par exemple), mais découvre l’itinéraire en cours de route.

  • De quels éléments avez-vous besoin avant de vous lancer ?

Amélie Nothomb a essentiellement besoin de savoir quelles sensations (pas émotions) elle va s’offrir. Pour Tuer le père, elle voulait sentir le vide sous ses pieds à la fin du livre. S’il y a de l’émotion pour le lecteur, c’est un bonus.

  • Vous avez tout de même une forme de structure, construction, même si vous employez d’autres termes.

Pour Amélie Nothomb, cette structure découle plutôt de sa connaissance sur les parcours de vie. Elle sait que la vie se moque de nous et que les trajectoires de vie sont rarement ce que l’on prévoit.

RÉÉCRITURE ET PRÉPARATION

  • Vous parlez d’accouchement et vous n’écrivez pas avec un PC. Quelle dimension occupe le travail de réécriture chez vous ?

Aucune réécriture.
Amélie Nothomb écrit dans sa tête avant de se lancer directement dans le manuscrit final. Attention, cela ne signifie pas une absence de travail préparatoire. Ce dernier s’opère mentalement et lui prend beaucoup de temps (trajets quotidiens, insomnies…). Les lecteurs lisent donc un faux premier jet préalablement rédigé dans sa tête.

  • De quel degré de préparation mentale avez-vous besoin avant de vous lancer dans l’écriture ?

C’est pour l’incipit qu’Amélie Nothomb a besoin de la plus grande préparation.
Il lui faut au moins 4 nuits d’insomnies pour élaborer le premier paragraphe. Il doit être le plus simple possible du point de vue de la construction (pas de mot ou de verbe en trop). Un peu comme une calligraphie, l’incipit doit être hyper structuré, profondément réfléchi. Sa foi en ce petit morceau de texte est si grande qu’elle estime que, s’il est limpide, tout le reste peut en découler avec une logique implacable.

Des conseils d’autrice d’Amélie Nothomb semble ainsi émaner une invitation à découvrir son rythme et à pratiquer par l’exemple grâce à la lecture d’ouvrages qui nous plaisent.
Au-delà des plans, des méthodes d’écriture, telle l’écriture en flocons de neige, c’est bel et bien à vous, de trouver la stratégie de rédaction et de préparation qui vous convient le mieux !

Ce qu'il faut retenir

De l’exploration des méthodologies d’écriture d’Amélie Nothomb ressortent quelques conseils majeurs, qui ne sont pas si étrangers que cela :

  • lire permet d’affiner son instinct d’écrivain

     

  • savoir où l’on veut aller (destination, sensation…)
  • quelle que soit la forme qu’elle prend, la préparation est indispensable

     

  • l’incipit nécessite une attention toute particulière

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