Comment vous parler de cette histoire sans vous refaire la page Wikipédia (n’y allez pas, c’est juste un énorme spoiler, lisez les livres plutôt) ? Tout d’abord, La Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay est une trilogie destinée plutôt à un public adolescent. Mais qui se lit et se relit avec plaisir, même passé le cap de la sagesse (en admettant qu’il existe, ce cap). Ceci grâce à la présence de personnages plus mûrs et de pistes de réflexion qui s’interprètent différemment en fonction de notre expérience.
Un petit mot sur l’auteur
Avant de plonger dans le roman à proprement parler, il est intéressant de rappeler que Guy Gavriel Kay (7/11/1954 — encore en vie) est un auteur canadien spécialisé dans la Fantasy historique.
Avant de publier sous son propre nom, il a notamment travaillé en coopération avec le fils de J.R.R. Tolkien sur Le Silmarillion (pour donner une idée du niveau). Ses romans personnels sont, par ailleurs, basés sur des personnages ou faits historiques réels, retravaillés à la sauce Fantasy.
Pour finir son esquisse, plusieurs de ses romans ont été primés. C’est le cas du roman Le Feu Vagabond, Tome 2 de La Tapisserie de Fionavar (prix Casper/Aurora en 1987).
À propos de La Tapisserie de Fionavar
Des personnages attachants
L’histoire commence tout d’abord en douceur dans un monde contemporain, où cinq amis assistent à une conférence donnée par un éminent professeur. À la fin de la présentation, le petit groupe arrive à décrocher un entretien privé avec le conférencier. Un enchaînement certes un peu rapide, mais expliqué par la suite.
Premier point positif : les personnages sont variés, attachants, pleins d’espoirs et de défauts, et on les aime (très vite) comme nos propres amis. La dernière page me pince systématiquement le cœur, car les quitter est toujours une épreuve.
Des références celtes
Avec l’aide d’un peu de magie, les personnages sont ensuite propulsés dans un monde parallèle fantastique… médiéval ? C’est ce que j’ai cru lors de ma première lecture, mais en y revenant avec quelques années de connaissances en plus, ce monde est en réalité d’inspiration celtique.
Deuxième point positif : quand on s’y connait un peu, on retrouve toutes les grandes références de la mythologie celte. La revisite est rafraichissante, imaginative, quoiqu’encore simple : idéale pour initier les néophytes aux légendes celtes.
De l’aventure à gogo
Nos cinq jeunes vont ainsi très vite se faire de nouveaux amis (et nous aussi du coup), et partir à l’aventure pour :
- donner un coup de main au roi du Brennin où ils ont atterri,
- retrouver l’un deux qui a eu la bonne idée de se perdre en chemin,
- et puis sauver le monde au passage.
Pour ceux qui aiment l’aventure, nous sommes servis !
L’histoire entière est, de plus, fondée sur une approche pas si rare, mais bien exploitée tout au long du récit : tout acte (bon ou mauvais) a une contrepartie (bonne ou mauvaise). Autrement dit : on n’a rien sans rien. L’auteur résume cela en une phrase bien plus poétique : « À double tranchant la lame, à double tranchant le présent. »
Troisième point positif : même si le style reste sobre, les livres sont parsemés de petites phrases accroche-cœurs qui restent en mémoire en dépit des années.
Mais le titre, alors, me demanderez-vous ?
La tapisserie de Fionavar, la verrons-nous quelque part dans les pages ? Y a-t-il une quête pour récupérer cette œuvre d’art ? Un méchant sorcier qui force une Pénélope à tisser jours et nuits jusqu’à l’arrivée des héros ?
Non, un poil de symbolisme, s’il vous plait !
Commençons par la partie facile : « Fionavar » est le nom du monde parallèle où se déroule la plus grande partie de l’aventure.
Le terme « tapisserie », lui, provient de la croyance celte selon laquelle chaque vie est un fil, et son cours est défini par le motif qu’elle dessine et les entrelacs des autres vies qui côtoient son fil. En fin de compte, toutes les vies de tous les êtres sont entretissées et forment une immense tapisserie. Ceux capables de lire la « Tapisserie » des êtres vivants sont donc en mesure de lire l’avenir.
En d’autres termes, le livre porte sur le destin de Fionavar.
Pourquoi ai-je aimé ce livre ?
À treize ans : il est arrivé pile au bon moment, avec ses aventures, ses mythes, ses personnages en quête d’identité, son style simple, son rythme effréné (si, si, ça va vite !).
À vingt ans : pour le plaisir de retrouver des amis, le goût de la lecture, la compréhension des références qui m’échappaient auparavant, les questions existentielles posées entre la salade et le fromage, et encore la simplicité de lecture, reposante, mais toujours aussi agréable.
À vingt-cinq ans : comme précédemment, mais avec une meilleure approche des personnages adultes (qui m’intéressaient moins jusqu’alors) et un œil plus analytique pour comprendre comment l’auteur réussit à me captiver à tous les coups.
Ce qu'il faut retenir
La Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay est à lire si :
- Vous aimez la Fantasy, l’aventure, les questions philosophiques complexes exposées simplement
- Vous avez envie de plonger dans la mythologie celte sous un angle nouveau
- Vous cherchez une alternative à J.R.R. Tolkien ou G. R. R. Martin pour vous initier à la Fantasy (c’est beaucoup plus accessible d’un point de vue stylistique et intrigue).